Archives de catégorie : Non classé

Vœux 2021

La SHAARL souhaite à tous ses adhérents et sympathisants la meilleure année possible pour 2021. Puissions-nous toujours trouver dans nos échanges, nos rencontres – même modifiées – et aussi dans nos recherches et contributions si diverses à l’histoire et à la vie de nos cités un même bonheur partagé.

[Image de l’en-tête : Les pivoines, devant le volet qui cache et protège ce qui est dans l’ombre, ont le nom d’Apollon (paiôn), le guérisseur, le secourable – à cause des propriétés médicinales des racines. Le dieu, qui peut apporter la peste avec son arc, accompagne aussi les Muses, filles de la mémoire, et devient dieu des arts et de la lumière.
Vœux 2021 apolliniens pour réfléchir aux dissonances de notre époque et peut-être au « déconfinement » de nos pratiques, de nos routines, à l’instar de ces professeurs d’histoire-géographie qui ont perdu subitement leurs classes et ont imaginé le projet « Ruptures » (voir liens sur notre site), un très bel exemple d’histoire publique.
« Car si l’histoire est la science de quelque chose, nous dit l’historien Patrick Boucheron, c’est bien de la capacité des femmes et des hommes à en changer le cours, même lorsqu’ils se sentent ballottés par ses courants adverses. »]

Décès de Simone Schneider

Nous apprenons avec une très grande tristesse le décès de Simone Schneider survenu le 7 décembre 2020 à Nancy. Sa maison devenue trop grande, elle avait quitté Lure il y a peu d’années, mais restait par le cœur attachée à sa ville. La plus grande partie de sa carrière s’est effectuée au lycée Georges Colomb, beaucoup d’élèves se souviennent de leur professeur d’anglais, qui s’imposait dans la rigueur, le travail et la douceur. Simone très tôt fut active dans les milieux associatifs et, dès les années 1980, adhéra à la SHAARL où elle pouvait exercer sa passion pour l’archéologie. On la retrouve sur pratiquement tous les chantiers de l’époque, comme aux fouilles réalisées à l’église de Melisey (1989-1990).

Simone aimait la transmission, elle anima de nombreux ateliers dans les Fêtes de la Science, s’inquiéta la première de la mise en ordre de notre bibliothèque, riche aujourd’hui de plusieurs milliers de volumes et d’un inventaire régulier. La qualité et la variété des contributions dans le bulletin vont aussi augmenter grâce à elle ; elle ne quittera jamais le comité de lecture et se fera aussi l’historienne des établissements scolaires de Lure et de son lycée tout particulièrement.
Sa présence, sa bienveillance toujours discrète manquaient déjà aux dernières Bouquimania et c’est à l’exposition Bois, en 2017, qu’elle quitta Lure mais pas tout à fait la SHAARL, dont elle guettait fidèlement les échos. En sourdine comme elle aimait jouer, Simone habite toujours Lure et notre société d’histoire et d’archéologie. La SHAARL a aussi une pensée particulière pour Hugues, son mari décédé beaucoup plus tôt, et pour ses enfants et petits-enfants.

Rencontres transvosgiennes 2020

Les rencontres 2020  qui devaient avoir lieu en octobre,  à Soultzbach-les-Bains (Haut-Rhin), sur le thème de l’eau, ont été annulées, mais le numéro 10 de la revue RT, qui comprend les actes de la 29e journée d’études qui s’était déroulée l’an passé à Corbenay et Saint-Loup-sur-Semouse (19 octobre 2019) vient de paraître .

Un oublié, Charles Thirria (1796-1868)

Les historiens – ainsi Alain Corbin, dans Le monde retrouvé de Louis-François Pinagot – Sur les traces d’un inconnu, 1798-1876 (Flammarion, 1998), ou Arlette Farge, dans Vies oubliées. Au cœur du XVIIIe siècle (La Découverte, 2019) – parviennent à saisir dans la poussière des archives le murmure des vies ordinaires, des personnes invisibles qui jamais ne se sont hissées aux créneaux de la notoriété. Inversement peuvent s’effacer, en quelques décennies, les traces d’hommes et de femmes qui furent illustres en leur temps. Les descendants ne se manifestent plus, les tombes abandonnées dans les cimetières sont relevées, quelques restes sont peut-être déposés dans la fosse commune…

Le personnage célèbre a pu aussi changer de lieux. Le grand ingénieur et mécanicien Benoît Fourneyron (1802-1867), inventeur de la turbine hydraulique, est reconnu dans sa ville natale de Saint-Etienne mais largement ignoré dans le département de la Haute-Saône où il expérimente pour la première fois, en 1827, à Pont-sur-l’Ognon, le moteur hydraulique « à pression universelle et continue ». Tout aussi oublié est Alfred Meugniot (1857–1928), né à Faucogney, qui contribue au début du XXe siècle à la restauration de la carpiculture française ; et personne, dans les festivités du Tour de France, ne s’est rappelé que le docteur Philippe Marre (1907-1980), qui exerçait à Lure dans sa clinique de la place de la Libération, fut un compagnon de Paul de Vivie, dit Vélocio (1853-1930), figure emblématique du cyclotourisme français. Philippe Marre, ami  du cyclotouriste Jacques Faizant, a été aussi rédacteur en chef de la revue de Vélocio, Le Cycliste ( publiée de 1887 à 1974 !).

Le travail de l’historien comporte cette fonction d’exhumation des figures oubliées et nous pouvons saluer les recherches du docteur Larère (il a aussi exercé à Lure) qui a rappelé  récemment à l’auditoire de la SALSA le parcours de Charles-Édouard Thirria (1796-1868), ingénieur des mines de la Haute-Saône, président de la SALSA en 1840, qui publia une œuvre imposante sur la Haute-Saône du XIXe siècle, aujourd’hui source documentaire essentielle. On pourra se reporter à la notice biographique et bibliographique établie par Claude-Isabelle Brelot, sur le site du Comité des travaux historiques et scientifiques. En ligne également le Manuel à l’usage de l’habitant du département de la Haute-Saône (1869 – 1003 pages)…

Charles-Édouard Thirria a bien été inhumé à Vesoul, mais de tombe plus aucune trace ; « aucun descendant ne s’est manifesté en 1963, lors du relèvement des tombes abandonnées», explique Jean-Claude Larère qui a entrepris des démarches fructueuses auprès de la municipalité de Vesoul. Le nouvel espace funéraire, qui jouxte le cimetière de la ville, s’appellera : Espace cinéraire Charles Thirria. Une plaque commémorative y sera inaugurée le samedi 24 octobre 2020, à 11 heures.

Ces comtois qui vivaient sans foi ni loi

L’histoire de la violence intéresse les chercheurs ; deux professeurs de l’Université nous livrent simultanément ouvrages et articles sur la criminalité comtoise à l’époque moderne (16e – 18e siècle).
Paul Delsalle (Université de Besançon) publie (voir aussi le compte rendu de l’ouvrage dans L’Est Républicain (16 septembre 2020) :

Crimes et châtiments en Franche Comté au temps de Ravaillac :
tome 1 : La taverne et l’arquebuse
tome 2 : L’Echarpe rouge
(Besançon, éd. Cêtre, 2020 – 23 euros chaque ouvrage))

Antoine Follain (Université de Strasbourg) s’est intéressé au registre des jugements du bailliage de Gray de 1738 à 1751. Article («Cinquante nuances (criminelles) de Gray au XVIIIe siècle. Comprendre un fonds d’archives et trouver comment l’étudier », Source(s), n° 114-15, 2019, p. 173-194), édition intégrale du registre… sont à lire ICI.