On oppose couramment l’archéologie à l’histoire : d’un côté l’étude des sociétés anciennes à partir de traces matérielles généralement enfouies dans le sol (os, poteries, outils, édifices…), de l’autre la science du passé à partir d’une documentation écrite, les archives. Les passionnés des cultures minières, nombreux à la Shaarl, nous ont familiarisés déjà avec des aventures dans le monde souterrain où il n’est plus question de décapage de l’humus à la petite cuillère mais d’acrobaties spéléologiques, de pompages grandioses de cavités ennoyées, de collaborations savantes avec les sciences dures (car l’archéologue minier se préoccupe aussi du devenir du minerai extrait, de minéralurgie, de métallurgie, jusqu’à la consommation des produits finis…)
Le dernier été, marqué par une sécheresse historique, nous a révélé encore une autre forme d’archéologie, où il a suffi de se promener bien souvent dans le lit des cours d’eau asséchés pour voir le passé à nu. On se reportera par exemple (cliquer sur lien vert) à divers reportages de France 3 réalisés principalement dans le Haut-Doubs et qui montrent, par exemple, divers vestiges d’une industrie métallurgique qui était dépendante de l’énergie hydraulique. Découverte également de pierres habituellement immergées et qui portent des dates de sécheresses remontant au XIXe siècle. Ce phénomène n’est pas strictement local, il fait écho aux nombreuses « Pierres de la faim » dévoilées cet été dans les rivières de l’Europe continentale et qui témoignent à leur façon d’une conscience vive et très ancienne (des inscriptions remontent au Moyen Âge) de notre dépendance à l’environnement. « Wenn du mich siehst, dann weine » (Si tu me vois, pleure), lit-on ainsi sur une pierre de l’Elbe, en Tchéquie (image de l’en-tête).