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Rustiques et citadins de Vesoul

(image : tracé du pomerium musée archéologique d’Aquilée)

L’humoriste Daniel Morin, sur les ondes de France Inter, récidive ce mercredi 2 février 2022 à propos du festival des cinémas d’Asie (à écouter sur France Inter) ; un premier billet consacré à l’événement vésulien datait du 6 février 2018 (à écouter ici). L’exercice matutinal est-il fait pour la gaîté ou l’irritation, l’humeur niaise ou l’humour plaisant ? Chacune et chacun en jugeront à l’écoute.

La chronique répétée sur Vesoul brode sur le thème ancien opposant ville et campagne, urbanité et ruralité, culture et sauvagerie ; on se rappelle la ligne archaïque et violente séparant Rome du monde extérieur (image de l’en-tête), l’histoire de Rémus et Romulus, celle de la fondation de la Ville (urbi et orbi). La préoccupation écologique devenue plus vive aujourd’hui, les deux mondes ont intérêt à se rapprocher, à se combiner même, et le citoyen illustre éculant ses souliers se doit de rencontrer le cul-terreux n’ayant pas de chausses. Le billet du matin invite aussi à forcer l’étymologie du mot rustique, qui rappelle, dans les langues d’Europe, l’espace qu’on peut se ménager dans l’endroit où l’on se trouve : the room (anglais), der Raum (allemand), et bien sûr rural, rustaud,… Le rustre a commencé de construire sa clairière au milieu de bois obscurs, et Vesoul, pendant cette semaine du Festival international des cinémas d’Asie, resplendissait des lumières de la ville.

De l’histoire des mots passons encore à la mémoire, en rappelant le souvenir de Pierre Blondeau (décédé en octobre 2020) et de sa femme qui avaient su aussi insuffler chez les rustiques du Haut-Doubs, à Pontarlier, un air de culture exceptionnel (des rencontres internationales de cinéma que Laure Adler, également de France-Inter, avaient remarquées en invitant le couple Blondeau à son émission Hors-Champs, c’était en octobre 2009). Merci en tout cas à Martine et Jean-Marc Thérouanne et à toute l’équipe qui poursuit l’aventure d’apporter à Vesoul un climat tout à fait revigorant au regard d’autres actualités déprimantes,

et pour le beau programme qu’il nous communique : c’est ICI, à Vesoul !!!

L’eau et le patrimoine

(photo de l’en-tête : moulin Millet, La Lanterne-et-Les Armonts, 1986.
Liens hypertextes en vert)

Que l’on s’occupe de l’eau, de sa qualité, de sa distribution équitable, voilà une bonne chose ; en France, la gestion de l’eau est confiée à six agences de bassins hydrographiques, notre arrondissement dépend de l’agence Rhône-Méditerranée-Corse. La Communauté de communes des Mille Étangs vient justement de signer un contrat avec l’Agence de l’eau (voir L’Est Républicain du 26 décembre 2021), qui doit intéresser le citoyen et l’usager de l’eau, tant les échelons administratifs de sa gestion, qui engagent une multitude d’acteurs,  apparaissent complexes et parfois même déconcertants. Rappelons que le Comité de bassin (quelque 170 membres) élabore le Schéma directeur d’aménagement et de gestion de l’eau (SDAGE), qui se décline localement jusqu’à la plus petite association de pêche, en passant par toutes sortes de dispositifs intermédiaires, comme l’Établissement public territorial de bassin Saône et Doubs, la compétence « Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations » (GEMAPI) dévolue aux nouvelles communautés de communes, la Commission locale de l’eau, la Fédération départementale de la pêche, les associations de protection de la nature (comme le Conservatoire d’espaces naturels), le réseau européen Natura 2000, le programme de financement LIFE… C’est au nom de la loi sur l’eau et les milieux aquatiques (lema 2006), déclinaison française d’une directive européenne remontant à l’année 2000 – et que nous connaissons surtout par l’application du concept de « continuité écologique » -, que la Haute-Saône a commencé de voir la destruction de petits seuils de rivière (voir sur le ruisseau de Mansvillers, à Melisey), de retenues (difficile démolition du barrage du Creusot, sur le Raddon, à Fresse), de moulins (réaffectation du moulin Saguin, à Amage, et destruction de la digue). Ces interventions eussent sans doute été différentes aujourd’hui, depuis que le Conseil d’État a censuré la doctrine de la Direction de l’eau et de la biodiversité et caractérisé tous les excès commis au nom de la « continuité écologique » ; depuis que le Parlement a voté l’été dernier (loi du 22 août 2021) l’article 49 de la loi climat, qui interdit la destruction des moulins à eau.

Pour les interventions effectuées localement au nom de la continuité écologique, on se reportera aux images et à l’article Le dépaysement (shaarl, 2018). Voir également le rapport de l'enquête publique concernant la réhabilitation du moulin d'Esfoz, ainsi que la video réalisée par Fédération Française des Associations de sauvegarde des Moulins(dont la création remonte 1977).

Bonne nouvelle : L’Est Républicain nous informait tout récemment (13 nov. 2021) que le moulin d’Esfoz, à Corravillers, reprenait vie. La SHAARL avait participé à l’enquête publique de 2018, l’importante mobilisation collective autour du moulin avait pu venir à bout des obstacles.

Le moulin d’Esfoz (Corravillers, 1987)

Cette aventure avec les moulins comme avec beaucoup d’autres patrimoines offre sa leçon à l’heure où la situation sanitaire mine quantité d’associations qui perdent de nombreux adhérents, tout particulièrement dans les domaines de la culture. Restons fidèles à nos sociétés d’histoire pour mieux voir demain… et que vivent nos moulins.